lundi 19 novembre 2018

Novembre 2018 on mécanique.




Lundi 19 novembre 2018 mécaniquons les amis, mécaniquons.

D'abord, l'ouverture du carburateur du p50 noir.
Celui-ci est nettoyé avant intervention, il est dans une gangue noirâtre et jaunâtre, 
mélange de gras et de glaise. J'ai ce truc en travers sur l'établi et c'est davantage la curiosité que la nécessité qui me pousse à intervenir.


Une fois propre à l'extérieur son ouverture réserve une très bonne surprise :


L'intérieur est comme neuf, les gicleurs sont parfaitement propres et le reste aussi. Les joints ne sont absolument pas secs. Je pensais le tremper dans un bain de citron/vinaigre et, du coup cela me semble inutile. Ce modèle est de 1967. 

Ci-dessous, celui qui correspond à notre p50 actuel est de 1968 et sa cuve plus proéminente est bien différente :



Au passage, j'agrémente le cadre de la bête avec l'étiquette Honda qui ne va pas bien, mais c'est la seule disponible en pièce, dommage... celle d'origine est bien différente.



Maintenant, nous nous attaquons au démontage du moteur d'origine de ce p50 qui, rappelons-le, est de 1968 et en version rouge.
Pour cette tâche ingrate, mon fidèle commis m'accompagne et me soutient !
Pas fou l'artiste, dehors le vent est glacial alors, de son perchoir à l'abri il surveille le portail .




Suivant scrupuleusement le manuel d'atelier, je commence par le haut. 
Je ferai de nombreuses photos au fur et à mesure, ce qui me permettra de vérifier l'état des pièces et surtout de mémoriser le montage.
Nous trouverons donc ici bas ces photos qui, si elles n'ont pas grand intérêt artistique (!), seront tout de même utiles pour faire le chemin inverse quand il s'agira de refermer.
Une première inspection des vis fait état d'une probable ancienne ouverture du haut et aussi du carter droit contenant le mécanisme de réduction. 
Rappelons que le système d'engrenage moteur/vélo ne fonctionnait pas.

C'est parti !
Débutons par le couvercle des culbuteurs, 4 vis  :


Bon état intérieur, même le joint est intact.


Quatre autres vis plus tard, le couvre culasse est ôté. L'arbre à cames apparaît ainsi que les ressorts de soupapes. Tout ceci semble en état.


La fixation de l'arbre à cames est une curiosité, c'est ce petit pion à droite (3 x 12) qui bloque l'act et son axe par simple insertion dans un orifice.



A gauche, le pion lors de son extraction et à droite l'extraction de l'axe d'arbre à cames. On peut visser en bout une vis qui permet de le tirer tout bêtement avec une pince.
Honda prévoit souvent un filetage en bout des axes pour faciliter l'extraction :
trop forts chez Honda !



Une fois l'axe extrait, le pignon solidaire de l'act est facile à sortir.
Ci-dessous les pièces de l'ensemble en parfait état.



Nous allons maintenant déculasser. Quatre écrous et une vis. La vis a déjà bien souffert, il faudra finir au pointeau pour arriver à la débloquer.
Voyez sa tronche !


La culasse est soulevée en tapotant avec un maillet en bois.
Les soupapes sont bien tristes !



Le cylindre étant juste coincé entre culasse et bas moteur, il vient dans la foulée.



Son intérieur est parfait, le piston par contre, outre quelques (très) faibles rayures qui ne marquent pas au doigt, a une calotte assez calaminée.



L'axe de piston est sorti...

                        

et le piston aussi !



Mardi, peu de temps à consacrer à l'atelier. Ce fut juste un bon gros nettoyage du moteur du p50 noir désossé. Ce moteur paraissait avoir une bonne compression et n'a jamais été ouvert. Comme un idiot je n'ai pas pris la compression avant de le démonter, alors maintenant c'est un peu compliqué...
Travailler là-dessus ce n'est pas facile, facile. 
En effet la forme ronde du moteur ne permet pas un calage de celui-ci, en fait on peut même dire que c'est le bord...l comme tous les trucs ronds, et bien ça roule !

Le voici débarassé de sa gangue de poussière collantograisseuse...


Dans la série j'aime les animaux, ils me le rendent bien, voici un petit souvenir laissé par une souris dans mon bac de nettoyage. 
Faut dire aussi qu'au dessus de l'atelier se dresse un chêne de 250 ans environ, ainsi le garde-manger des rongeurs est permanent avec les kilos de glands produits.


Il est 19h et il fait déjà -1°, demain on va se peler dans l'atelier. 
Mon commis m'a été d'un grand secours cet aprèm. Entre les 23° du feu de bois et les 3° de l'extérieur, son choix s'est porté sur... jugez plutôt  😇


Ce matin -3,5° alors je n'ai travaillé que cet après-midi dans l'atelier. 
Ce fut programme démontage du système de réduction. Cela n'a pas été compliqué en soi, mais trois vis du carter gauche ont refusé obstinément de se débloquer. Ne voulant pas les percer*, j'ai insisté avec les moyens classiques :  pointeau, vieux tournevis, scie à métaux et j'ai réussi. Il a fallu quand même batailler presque une heure et demie.
* le perçage des vis est à utiliser en tout dernier recours, car il y a le risque d'abîmer le carter si l'on ne perce pas droit.

Nous commençons par le démontage des garnitures : "rear shoes" disent les japonais sur le manuel d'atelier ce qui signifie "chaussures arrières" ! 
Cela me fait bien marrer, un peu comme les "washers spring" (rondelles de printemps) qui sont les rondelles indesserrables* 
Pourquoi de printemps ?...
* ça s'écrit bien comme ça, j'ai vérifié, un coup à faire une ou deux fautes dans le mot ce machin...

Repérons bien le montage peu courant des bestioles.




Une fois sorties, c'est peu de chose ! Le levier de came sera ôté également, pour ce faire, il est nécessaire de démonter le contacteur de stop, car il y a un stop sur le p50. En 66 les cyclos à feu stop ne devaient pas courir les rues, il devait même être le seul.


Une des trois vis pénibles, voyez sa tronche. Elles étaient collées par de l'oxydation, pas bloquées.
A côté le carter de gauche. Lui aussi m'en a fait voir collé qu'il était par son joint d'origine, car ce moteur n'a jamais été ouvert.


Les entrailles maintenant : un empilage de pignons et de chaînes. Dire qu'il faudra remonter tout ça !



                                                         On est content d'avoir un manuel d'atelier...




Ici il faut une clé à créneaux pour le système à friction.






Voici enfin tout l'attirail avec pas moins de trois chaînes.



Jeudi 22 seules les soupapes sont démontées. Par contre les pièces sont nettoyées pour être stockées en attendant des jours meilleurs. La fontaine de lavage a chauffé cet aprèm.
Il faut aussi que je me procure un arrache volant magnétique. Ce n'est pas cher et c'est indispensable pour les défaire.

Je vous passe les photos des pièces propres sauf
la culasse et le grand carter gauche. Il faudra changer le joint spi et le roulement.


Ici les soupapes. Elles se démontent à la main en faisant juste basculer la coupelle qui les bloque.
Le ressort quant à lui pourrait être comprimé par un enfant.
Le feutre est là pour donner l'échelle des bestioles !


J'avais acheté un lot de joints à un gars qui me les avait proposés quand j'ai eu le p50. Lot complet qu'il disait. Certes pas cher 20€ je crois, mais complet avec un T comme t'as qu'à croire !!!

Déjà il manque le joint de culasse et les deux de la photo de droite ne sont pas pour p50 et
pour celui qui est ouvert à gauche, j'ai des doutes. Je vais donc chercher une pochette complète.


Hier le père Noël de mon anniversaire m'a porté entre autres, un étau. C'est utile un étau. le mien avait 36 ans et il ne serrait plus convenablement. 
Celui-ci en fonte serre bien... regardez la clé elle rigole pas hein !
Merci Alice. 😃


Vendredi noir ! A l'heure où la France s'enflamme sur les sites marchands pour essayer de faire de bonnes affaires, j'ai juste commandé un petit arrache pour le volant magnétique du p50.
 Pour 10 € port compris je n'ai pas beaucoup gonflé le chiffre d'affaire du vendredi noir !

Mon copain Gilles en visite au salon "moto légende" m'a trouvé une pochette de joints pour le p50 chez Pierre Millier LE spécialiste du petit et moyen cube Honda. 
Cet aprèm rangement (un de plus) de mon petit atelier. C'est si petit qu'en l'espace de trois jours de boulot et de démontage, il est plein et je ne peux plus m'y bouger. C'est donc un rangement perpétuel.
Enfin ça y est, les pièces démontées hier sont en boîte et l'établi dégagé.
La roue arrière a été sortie pour être préparée demain. Elle est si jolie qu'elle se contentera sans doute d'un nettoyage.





Samedi la roue arrière devait être juste nettoyée. Malheureusement cela ne suffira pas. 
Une fois observée de près et vérifiée, il y a quelques défauts plus ou moins importants.
Les rayons tout d'abord ont été remaniés, il y en a de plusieurs sortes et plusieurs ne sont pas 
d'origine : plus fins et un peu plus longs, ils dépassent à l'intérieur :


Le risque de crevaison est grand et vu la simplicité pour réparer une roue crevée, il vaut mieux assurer ses arrières ! J'essaierai donc de limer ce qui dépasse. Il faudra aussi faire un traitement antirouille de l'intérieur mais ça, c'est du classique.
Le grand voile gris devra être peint car il ferait trop tache par rapport au reste du cyclo.
Le reste du moteur recevra aussi un coup de peinture.

J'ai démonté le système de roue libre et d'entraînement de la roue. Le nettoyage dont nous le gratifiâmes ne fut pas un luxe. Les petits rochets de la roue libre étaient cassés, en place mais cassés. Heureusement j'avais conservé ceux de mon ancienne roue ainsi que leur ressort. Celui de cette roue est trop lâche, c'est d'ailleurs ce qui explique la casse des rochets.
Voici en photo le barda de l'entraînement. Le pignon et son amoncellement de rondelles, 
clips et ressort a été remonté.


Ce soir programme recherche de roulements, spis et toriques sur mon site préféré :


Ils sont très sérieux et si besoin très sympas au téléphone.


Lundi 26 novembre, mon papa aurait 104 ans aujourd'hui ! Moi j'en ai 64 depuis peu,
et c'est bien assez...

Les roulements et spis sont partis ce jour et l'arrache volant magnétique est arrivé. Ce petit machin est diablement efficace, vissé en quelques secondes, on serre et hop le volant se soulève.



Le volant magnétique n'est rien d'autre qu'un rotor d'alternateur version femelle !
Aimanté, il attire toutes les saletés de l'établi, gaffe...




Sous le volant magnétique se trouvent un stator et la vis platinée.
Quelques photos pour la postérité (!) et surtout pour savoir comment remonter...




Le carter gauche est bien encrassé, tout le bas moteur est vraiment sale avec des amoncellements gluants et visqueux d'huile, graisse et autre cambouis indéfini.
J'y trouve aussi des bouts de ferraille qui ressemblent à une dent de pignon. Je n'ai rien remarqué de particulier pourtant de l'autre côté.
Peut-être serait-ce la cause du non fonctionnement du levier de "mise en prise".





Cet aprèm à défaut d'avoir du soleil, il ne fait pas trop froid ni trop humide. C'est l'occasion rêvée de peindre la roue arrière qui a été préparée pour ça ce matin.
J'utilise une galvanisation à froid que je protégerai par un vernis mat.


Afin de pouvoir peindre les carters moteurs, il sera nécessaire de sortir le dernier morceau : le vilebrequin. Je n'ai pas trouvé comment m'y prendre, le manuel d'atelier ne donnant aucune piste compréhensible !

Mardi 27 novembre, c'est la suite du démontage...

Tout d'abord le vilebrequin est tombé tout seul !!! J'ai enlevé la chaîne de distribution et, en tournant le moteur, il est tombé. Opération simplissime donc.


L'axe de roue arrière a suivi, il suffit de tapoter dessus.


Puis ce fut la séance nettoyage des carters. Deux bonnes heures, oui vous avez bien vu DEUX heures de nettoyage à l'essence d'abord puis au dégraissant pour fignoler. C'était, sale, noir, gras, collant, visqueux, tout quoi. Cela s'explique par le fait qu'il n'y a pas de filtre à huile ni d'épurateur centrifuge, toute la "merdouille" reste au fond.
Maintenant ils sont propres, il suffira d'un coup d'acétone avant de peindre.

Dédicace pour Gilles. Comme j'avais à peu près terminé sur le p50, j'ai procédé au démontage de mon commis ! Il est toiletté, donc propre et c'est plus facile à démonter.

Une photo avant pour savoir comment remonter et on attaque le démontage.

Clé de 10 :


puis tournevis :


et voici le commis en pièces détachées sur l'établi...


Le lecteur, malin tel le vieux singe, aura noté comme ça ressemble à un moteur de p50 
l'intérieur d'un commis ! 
On se demande bien comment tant de trucs peuvent rentrer dans une si petite roue arrière.
Jeudi on ouvrira le deuxième moteur pour comparer les pièces et récupérer ce qu'il y a de mieux dans chacun des deux.

Jeudi 29 novembre commis et moi finissons la préparation des carters ainsi que le nettoyage du cylindre et de la culasse. L'intérieur du moteur est fin prêt et propre. Il n'y aura plus qu'à remonter.
Nous souhaitions changer spis et roulements, mais un roulement ne convient pas. je me suis trompé de référence, il est trop épais et conviendrait pour les 1000 premiers p50 produits. 
Sur la parts-list je n'ai pas vu la deuxième ligne...

On notera l'intense activité du commis et son irrépressible envie de venir bosser en atelier mécanique. Il est bien en atelier oui, mais atelier peinture au chaud !




Les carters moteur sont peints, comme toujours c'est la préparation qui prend le plus de temps. Il m'a fallu peaufiner le travail de mercredi, gratter de nouveau la peinture, fignoler le nettoyage dans les recoins, bien dégraisser à l'acétone et masquer.
La peinture en elle même ne prend pas dix minutes !  




La culasse est aussi peinte en noir haute température.



Nous remplaçons le roulement et le joint spi du support de roue libre. Le spi du haut de ses cinquante ans était étonnamment frais, en revanche le roulement grattait beaucoup.
Opération facile, le roulement a largement la place dans son logement, il tient par un circlip.




Avant de quitter l'atelier, j'attaque le démontage du moteur du p50 noir. Il est censé me servir de banque de pièces ou du moins, de point de comparaison pour mesurer l'état de fraîcheur des pièces du mien avant de le remonter.
Première (bonne) surprise il paraît n'avoir jamais été ouvert et il est très propre extérieurement.
L'ouverture du haut confirme : très propre pour un engin arrêté depuis 40 ans et à l'intérieur également : pas de noir collant dans la culasse, un arbre à cames neuf...
Sachant que ces cyclos étaient parfois négligés et pas assez souvent vidangés, celui-ci n'a peut-être pas roulé beaucoup.




Demain démontage de la culasse pour vérifier l'état du piston.

Vendredi 30, le moteur est déculassé et les surprises venues de l'intérieur ne sont pas celles 
attendues ! La partie système de réduction, pignons, chaînes est en très bon état, mais les cotes prises ne sont toutefois pas meilleures que sur le moteur de base. 
Je conserverai donc toutes les pièces actuelles pour le bas moteur.
Le haut a été ouvert et on a "travaillé" dessus. 
La culasse est en bon état mais une soupape est bloquée semi-ouverte ce qui explique le bruit creux entendu avant l'ouverture. Le piston, après décalaminage, est en très bon état ainsi que le cylindre, mais un segment est cassé en deux. Les deux soupapes sont identiques, il s'agit de 2 soupapes d'admission ce qui est totalement hors préconisation. Les soupapes d'échappement peuvent être utilisées pour l'admission, pas l'inverse !
Enfin les cotes de l'arbre à cames montrent une usure légèrement supérieure au mien et ce, malgré les apparences. Il est donc loin d'être neuf.
Pour finir il m'a été totalement impossible d'ouvrir le carter de droite. Seule une vis sur les six est venue ! Le tournevis à frapper est resté inopérant et les méthodes de substitution aussi.
C'est la première fois que cela m'arrive.


Je ne récupérerai pas grand chose sur ce moteur...

Demain nous entrons dans le mois du père Noël, j'aime bien 😎